UNE AMBULANCE POUR TOBROUK.

N’eut été la bataille, romancée et truculente, qu’en filmèrent, en 1960, La PATELLIERE et AUDIARD, la notoriété de cet ancien fortin de la Cyrénaïque a rarement bousculé les feuilles de route des croisières Club Med.
Le seul touriste illustre à y poser son sac Vuitton fut l’inoxydable AZNAVOUR. Encore ne s’agissait-il point de pousser la chansonnette mais d’y satisfaire aux obligations d’un rôle édifiant, dans l’opus militaire sus évoqué.
Personne n’eut jamais de curiosité innocente pour cette côte désolée. Hormis de rares négociants intrépides, venus, dès l’antiquité, rafler dattes et naphte auprès de chameliers étiques, surgis de déserts improbables parcourus d’obscures tribus, l’attrait vers telle villégiature n’a jamais été que mercantile ou guerrier.
Et il le restera.
Ce n’est pas demain, quelle que soit la brillance de son élocution, que notre Ministre de la Culture, neveu bon marché d’illustre, sollicitera, comme en TUNISIE, une double nationalité. Même si l’antiquité gréco-romaine a laissé ici de somptueux vestiges, ils restent trop difficilement exploitables pour Fram et Mac-Do.
Décidément, la mère des déserts pétrolifères, n’intéresse guère le chaland.
La prochaine livraison du Canard ne nous apportera donc aucune révélation croustillante sur de nouveaux conflits d’intérêt chez nos chers notables.
Quel obscur ministricule, imaginerait accompagner ses vieux parents prospecter le marché local des Sociétés Immobilières?
Faciliter semblable opération dans ce contexte atypique, galvauder ici les maigres économies de toute une vie laborieuse, relèverait du parricide. Dans l’ancien Code Pénal, article V, ce crime justifiait à lui seul la peine capitale par décollation. (l’auteur s’exprime sous le contrôle de Michèle ALLIOT-MARIE juriste émérite).
Cependant, TOBROUK, même fort éloigné du centre vital du pays, reste l’une des grandes citées de l’immense et riche LIBYE.
Un obscur royaume féodal, encore dépeuplé, devenu, par la vertu du pétrole et le délire d’un colonel hystérique, un état respecté, flagorné, au point de ridiculiser les hôtes mendiants de son chef sanguinaire.
Sous la tente de l’ami Mouamar, MITTERAND, BERLUSCONI, SARKO et tant d’autres ne dégustaient pas que des lokoums sigles Fauchon . Sur un rythme chaloupé de danseuses orientales tarifées,(toute majeures et pelotées), c’est du pétrole qu’ils venaient sucer.
Veulerie ordinaire d’un monde occidental qui se reconnaît pour valeur exponentielle le culte de l’argent. Allant même jusqu'à en oublier sa possible redistribution.
Si pendant quarante trois ans l’Europe a supporté les foucades humiliantes du dictateur, absous ses crimes, c’est que les intérêts supérieurs des nations « civilisées » pliaient devant la capacité incontrôlable du personnage à nous serrer le robinet.

(Audiard aurait écrit kiki ; mais bon! essayons de crier juste).

Apparemment plus contagieuse que le virus H5-N1, une épidémie de liberté bouffante s’étend, on n’aura pas manqué de l’observer, dans toute la région.
Notre diplomatie n’ayant évidemment pas vu venir le coup, l’affaire se réglera sans la grandeur de la France, le poids incommensurable de ses élites, la pertinence de ses engagements universels.
Certes KHADAFI, déjà bien équipé, n’a guère besoin d’armes lourdes contre les infidèles qui l’assiègent.
C’est dans la prévention que nous aurions pu le secourir en lui fourguant le stock de vaccins de Tatie Roselyne.
Quelque universitaire provincial, gonflé de suffisance caractérielle, affirmera doctement que ces placebos coûteux mélangés aux effluves de narguilé, eussent calmé les esprits ou éradiqué le fléau contestataire.
Simple principe de précaution, dans ce pays qui s’embrase, on peut imaginer que toutes sortes de gens vont souffrir ; certes arabes-musulmans, mais enfants aussi, susceptibles de s’en souvenir plus longtemps que le pauvre Gasparou.
Alors à défaut d’avoir assez de couilles

(là c’est comme du Audiard)

pour anéantir la bête à coups de torchon, envoyons nos ambulances à TOBROUK. Evitons, par pitié, de les laisser conduire par KOUCHNER.

Le « Fou de Guerre » qui règne sur cette triste solitude risque vraiment de bâcler le ménage . Dans le genre :

«je désintègre, je dynamite, je ventile, je disperse, façon puzzle ».

C'est du brutal !

Léon-Pierre.

Avec l'aimable participation de Michel AUDIARD.