jeudi 26 juin 2008
TRENTE SIX CHANDELLES !
L’homme, disait une comptine, vendait de belles images et, comprendrons nous jamais pourquoi, des télévisons aux paysans.
A moins que ce soit aux catalans….
Bref, en ce temps là, le merveilleux se cachait au fond de la boite à malice, en grisaille de bancs titres tremblotants.
Les nuits de tolérance, la mire abstraite et mystérieuse illuminait encore nos rêves enfantins.
Chaque soir d’orage, le petit train d’interlude, atténuait l’impatience du téléspectateur fasciné. Lorsque revenait la délicieuse Mireille et son jovial complice Jean Nohain, on applaudissait comme au cirque, lorsque le numéro de trapèze est suffisamment bien monté pour maintenir toujours le frisson.
Parfois plus grave et solennel, le message disait l’esprit du temps, la guerre en Algérie, la paix en Indochine, la vie du vaste monde, le dessous des océans.
Femme tronc, sourire Chanel, la « speakerine » ânonnait chaque soir la bonne aventure et le spectacle commençait
Qui nous fit découvrir l’Ange Blanc, le Commissaire Bourrel, Les Rois Maudits, Gilbert Bécaud… Les gens du nord, dont nous ignorions il y a peu qu’ils pouvaient avoir une culture, comprirent l’émotion d’un essai des « petits » superbement commenté par Roger Couderc.
Le Tour sentait la sueur et l’héroïsme. A l’écran, le maillot jaune restait gris mais brillant sur les épaules d’Anquetil ou de Poulidor dans les cols improbables et poussiéreux.
Deux mariages et quatre enterrements, aussi a l’aise à Longchamp qu’à Buckingham, Léon Zitrone, parlait de tout à tous qui croyaient s’y reconnaître.
Joli miroir des habitudes la télévision renvoyait aux français, l’image de leur culture.
Mieux que les sempiternelles adversités régionales elle sacrifiait au bon goût, au bon sens, comme aux bonnes recettes de Raymond Oliver.
Grand oeuvre d’artisans passionnes, des programmes populaires ludiques ou éducatifs, contribuèrent alors à moduler la sensibilité populaire. Sans prétention autre que l’information et le divertissement. Véritable service public, les 819 lignes de l’écran bombé faisaient la France moderne, ouverte, confiante en elle même et en son destin.
Puisque les enfants couraient après la caravane du Tour pour s’approprier les réclames, pourquoi ne pas proposer aux téléspectateurs banania virtuel et couches culottes normalisées ?
L’argent puis la publicité, sinon l’inverse, ont envahi l’écran. Le pouvoir va avec.
Finie la télé de Papa. Devenue libérale très avancée, notre société ne gère plus que des consommateurs.
Notre (très cher) Président l’a dit. Il le fera.
J’en vois déjà trente six chandelles !
Léon le Nostalgique.
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