A l’arrière des berlines, j’ai, paraît il, beaucoup fumé durant l‘enfance.
Je garde de cette époque le souvenir attendri de parents attentionnés et généreux n’hésitant jamais à s’en griller une, sans oublier de m’en faire profiter.
Mon père avait acquis une Frégate, seule voiture française à disposer alors d’un allume cigarette. Tant d’abondance ordinaire ne pouvait me conduire qu’a l’écœurement.
J’ai donc toujours fui le buraliste autant que le percepteur, privilégiant le goût de l’épargne, à celui du tabac froid, le chocolat noir plutôt que le caporal gris.
Devenu tristement cacochyme, sort habituel des vieillards grincheux, j’entends comme écho à ma toux d’emphysème, la respiration caverneuse de mes pauvres parents, puis le chuintement du crabe dans leurs gorges écorchées.
Ils m’ont permis d’acquérir une solide expérience du cancer du poumon. Qui me tuera sans doute, pour faire bonne mesure, en évitant de trahir le proverbe : " jamais deux sans trois ". Devrai-je pour autant en vouloir à la terre entière, à mes tendres femmes pétuneuses, à ceux qui m’ayant donné la vie ne se savaient pas privés du droit de me la reprendre ?
Au nom du conformisme sociétal, je pourrais, en toute logique, flétrir la mémoire des ces êtres infiniment chers, battre ma coulpe en avouant au monde entier qui s’en fout, que je suis une victime potentielle du tabagisme passif.
Mes amours m’ont contaminé; honte pour cette infamie !
Grâce à l’action opiniâtre des bien pensants (qui n’ont jamais rien de mieux à faire que d’emmerder le monde), je risque, dès après-demain matin, de ne plus trouver bon goût au petit noir des autoroutes. Privé des effluves indécentes de l’herbe à Nicot, servi dans une atmosphère tellement aseptisée qu’elle rappelle le service d’oncologie de mon hôpital favori, l’express risque d’être encore plus vite avalé, sans charme, sans plaisir, sans intérêt…. Certes, je n’étais jamais obligé de consommer ce breuvage exotique, rarement équitable. Encore en vente libre, bien qu’hypertenseur, il m’aidait, au fil des kilomètres, à maintenir sobre le régime du puissant 4X4 offert par un récent Père Noël.
A bout d’illusions, incapable de satisfaire d’ultimes fantasmes, vais-je me résigner, accepter l’impensable, renoncer à toute liberté ? Puis-je, au simple motif qu’ils m’auraient assassiné, renier l’éducation, humaniste et libertaire des épouvantables criminels d’habitude qu’on me désigne pour géniteurs.
En un mot dois-je tuer père et mère pour satisfaire au politiquement correct ?
La loi EVIN, qu’un juriste ami qualifie de scélérate, n’aura été qu’une étape supplémentaire, vers la normalisation de notre société.
Désormais la plus élémentaire des libertés, ne pourra s’exercer que sous la vigilance, au demeurant très sélective, des cerbères qui nous gouvernent.
Sacré nom d'une pipe!
Même pour qui n'a jamais été fumeur, tant d’hypocrisie est insupportable.
Je commence sérieusement à fulminer !
LEON , Le Poitrinaire.
dimanche 30 décembre 2007
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7 commentaires:
Si tu viens à QUEBEC, tu m'emmeneras danser. Ici on peut encore fumer dans les "petits cafés". Te souviens tu?
Toujours plein de contradictions, ce bon Gasparrou. Mais de l'humour aussi et c'est bien aagréable par les temps qui courent.
Bonne année à tous.
J.S.
"fumer la pipe nous évite d'avoir à penser"
Bon, c'est vrai que le gouvernement n'a pas à se meler de toutes choses. Mais dans ce cas c'est quand même une meilleure attitude que celle qui consistait a distribuer du tabac gratuit aux soldats pour les rendre dépendants...
Mais ou peut on situer la limite entre liberté individuelle et interet collectif?
Votre texte est trés ambigu et je le soupconne de laisser percevoir une forte problématique personelle.
Il faut bien mourir de quelque chose a défaut d'etre tué par la vie.
Qu'est ce que ça peut nous foutre de savoir de quoi tu vas crever.L'essentiel c'est que tu ne tardes pas trop, que tu cesse enfin de nous em...
Il parait que tu as encore fait echouer un accord cantonal avec les socialistes. Bravo tu peux etre fier de toi et continuer à baver dans ton coin, cette machine, tombera bien en panne et ppuis pour ce qu'elle diffuse c'est pas le diable et ne te prends pas pour lui.
Zorro.
C'est quoi ce plan Gasparrou.Tu vas quand meme pas nous laisser tomber. Ce n'est pas parcequ'on a perdu quelques batailles qu'on a perdu la guerre. J'espère qu'on va ya leer, sabre au clair, avec toi (devant comme d'hab..) de touite facon il faut montrer à Zoro qu'il ne nous intimide pas;
Bonne année, gros bisous.
Christophe
Eh, Zorro, ce n'est certes pas bien de fumer dans les bistrots, puisque le gouvernement l'a dit, Roseline en tête, mais ce n'est pas bien non plus de souhaiter la mort des gens, fussent-ils des ennemis. Le poète a dit "Mourir pour des idées, d'accord mais de mort lente".
Zora
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